Dans les airs, un groupe d’oies sauvages passe... Regardez comme elles volent en formation... on dirait une escadrille... « Tiens ? Que se passe-t-il en bas ?

Là ! Regardez... c’est la Reine-des-prés qui nous fait des signes en criant... Que dit-elle ? Quoi ? « Près de la fontaine... la fille au sol... c’est notre fée ! Les brigands... ! » Mais... Non !!! Ce n’est pas possible ? Notre future fée ! Elle est en danger ! » s’exclame la chef d’escadrille qui immédiatement donne des ordres à ses troupes « Première moitié... avec moi... Allons chasser ces brigands ! Deuxième moitié... allez chercher de l’aide ! ».

Immédiatement, les brigands subissent la colère des oies sauvages qui plongent bec en avant. Devant les assauts répétés des oies, les brigands se sauvent... tandis que la future fée de la nature gît au sol... elle ne bouge plus ! L’autre groupe d’oies arrive au-dessus de la forêt en criant « Au secours ! Au secours ! Notre fée est en danger... les brigands ! Venez vite vers la fontaine ! »

- Que se passe-t-il ? demande un loup qui sort des bois. Une oie lui explique que des brigands sont en train de battre la future fée de la nature... et que ça va mal pour elle ! Immédiatement, le loup hurle à la mort pour ameuter ses compagnons... de même que tous les animaux de la forêt, car tous savent que ce hurlement est aussi une alarme !

Diane, Blacky et Olympe, qui gardent le troupeau de moutons ont aussi entendu les hurlements du loup... et immédiatement, ils courent vers Isabelle « Vous avez entendu ? » demande Blacky... « Oui, les brigands sont revenus ! » répond Diane, tandis qu’Olympe explique « Nous n’aurions pas du l’écouter... et emmener le troupeau... Il fallait rester avec elle... après tout, nous sommes là pour ça ! Qui sait ce que nous allons trouver ! »

Ah les amis... Quelle histoire... pourvu qu’elle ne soit pas... ...Comment ça « Espèce d’Imbécile ! » Mais oui... vous avez encore raison... je suis un imbécile... si Isabelle est morte maintenant, comment la Fée Naturella peut-elle nous raconter son histoire ? Je suis beaucoup trop sensible...

Les loups sont les plus rapides... et l’un d’eux, immédiatement se met à renifler Isabelle « Elle n’est pas... » demande un autre loup « Non, elle respire encore... mais elle est bien amochée ! » répond le loup qui examine la future fée. Blacky, Olympe et Diane arrivent à ce moment « C’est de notre faute ! Quels idiots nous sommes ! Jamais nous n’aurions dû la laisser seule ! » dit Olympe, à qui une taupe répond « Vous lui avez obéi... j’étais là... j’ai tout entendu : elle a vraiment beaucoup insisté ! Ce n’est pas de votre faute ! »

Ne racontez pas de bêtises, mais bien sûr que la taupe a bien entendu... elle n’est pas sourde... on dit myope comme une taupe... par contre, on dit sourd comme un pot !

Les animaux arrivent par centaines... tous veulent savoir... vivra-t-elle... ou est-ce que l’arrivée de l’élue n’était qu’un doux rêve ? Ils pleurent, même les sangliers... qui pourtant sont des durs à cuire. Les nomades, eux aussi arrivent, parce qu’en voyant tous ces animaux courir vers la fontaine, ils ont tout de suite compris que quelque chose de terrible devait se passer...

Isabelle se réveille doucement. Elle est couchée par terre... dans une prairie toute couverte de magnifiques fleurs... il fait bien sombre car de gros nuages obscurcissent le ciel. Mais... tout à coup, une lueur, une merveilleuse lueur perce ces nuages... on dirait qu’une porte vient de s’y ouvrir !

Cette lueur, cette magnifique lueur s’avance, et lentement, très lentement, descend jusqu’au sol. En la voyant de plus près, Isabelle a l’impression que c’est un escalier qui descend du ciel... Vous vous rendez compte... ? Un escalier qui descend du ciel... ça en fait des marches ! Elle se lève... et maintenant, tout en haut de cet impressionnant escalier de lumière, elle aperçoit une silhouette... puis une deuxième... qui se tient par la main... là, lentement, ensemble, elles descendent cet escalier.

Les deux silhouettes, doucement prennent formes, prennent des couleurs, puis, lorsqu’elles sont presque au bas de l’escalier... Isabelle tombe à genoux en disant « Papa... ? Maman... ? C’est vous ? »

- Oui, ma chérie, c’est Papa et Maman... qu’est-ce que tu es belle... bien plus belle que vu d’en haut ! Mais... tu es gravement blessée... ne te laisse pas aller... tu dois réagir... maintenant !

- Non ! Je ne veux pas... je veux venir avec vous ! Là-haut... ça a l’air si... merveilleux...

Une autre silhouette descend l’escalier... c’est un ours...

- Isabelle ? Tu te souviens de moi ? Je suis la maman de l’ourson que tu as sauvé du piège à loup... Oui, je suis morte... mais j’ai attendu ta venue jusqu’à mon dernier souffle... je suis heureuse de faire partie de la prophétie... par mon fiston... Tu n’as pas le droit de le décevoir... de décevoir les animaux... la nature... qui t’attendent... depuis plus de cinq cents printemps !

- Mais... Papa... Maman... il y a tellement de méchanceté sur cette terre... tant d’hommes qui ne respectent pas les animaux, qui ne respectent pas la nature... Ils souffrent tellement... Je ne le supporte plus... je veux monter avec vous !

Une autre silhouette descend l’escalier de lumière... c’est un magnifique cerf...

- Bonjour Isabelle, j’étais là quand l’esprit de la nature, quand le Grand Loup Blanc a prononcé la prophétie... il y a plus de cinq cents printemps... et depuis ce jour, j’espère ta venue... Chaque matin, en me réveillant, je me disais « C’est pour aujourd’hui ? » Là-haut, nous sommes des millions à attendre ta venue... et sur terre, ils sont encore mille fois plus ! Tu n’as pas le droit de les décevoir !

- Isabelle, le jour de ma mort, je t’ai promis de toujours veiller sur toi... ce que j’ai fait de mon mieux... n’est-ce pas vous trois ? demande le papa d’Isabelle. Elle se retourne pour voir à qui il parle... et là, trois énormes chiens s’avancent vers elle, et commencent à lui lécher les mains...

- Diane ? Blacky ? Olympe ? Mais... qu’est-ce que cela veut dire ? questionne Isabelle.

- Nous t’avions dit que ton idée n’est pas bonne... tu vois le résultat ? Tu es en train d’hésiter entre vivre et mourir... Nous n’avons pas fait tout ça pour rien ! Depuis le premier jour de notre rencontre, nous savions que tu es l’élue ! Ton papa nous l’avait dit... Là-haut... tout se sait ! explique Diane...

- Papa vous l’a dit ? Tu veux dire que...

- Oui, ton papa nous a envoyés sur terre pour te protéger... En vérité, nous sommes des anges... tes anges gardiens !

Une autre silhouette descend l’escalier de lumière... elle prend forme... et Isabelle reconnaît la vieille femme, la diseuse de bonne aventure...

- Isabelle... tu dois honorer la promesse que tu m’as faite... que tu as fait à une mourante... Tu as dit au Grand Loup Blanc que tu acceptais la mission que la nature exige de toi. Tu n’as donc pas de parole ? Je t’ai, à plusieurs reprises, dit que ton destin est en marche... et que plus rien ne peut l’arrêter !

- Tu as raison... vous avez tous raison... je le sais bien... mais la tâche qui m’attend est tellement... énorme... qu’elle me fait peur... et que j’ai aussi peur de mal faire...

- Isabelle, tu seras Naturella, la Fée de la Nature... tu disposeras de la force de toute la nature... et tu ne peux même pas imaginer l’ampleur de cette force... Elle te sera donnée par toute la nature, par les animaux, par les végétaux, par les minéraux... et ce jusqu’au plus petit brin d’herbe... explique sa maman... qui lui dit encore « Regarde devant toi... tu vois ces deux fleurs... l’une est rouge, l’autre est bleue... La rouge te guérira... instantanément... tandis que la bleue te permettra de nous suivre et de gravir cet escalier... Ton destin est entre tes mains ! »

La vieille femme commence à remonter l’escalier... suivi par le cerf et l’ourse. Le papa et la maman d’Isabelle commencent eux aussi à gravir les marches... Le papa se retourne et dit « Vous trois... venez... votre mission est terminée ! »

Isabelle regarde ses parents et ses amis remonter l’escalier... « Décide-toi maintenant... dans quelques instants, l’escalier va disparaître ! » explique Diane. Isabelle se penche pour saisir la fleur bleue... déjà, elle a plié sa tige... mais ne l’a pas encore cassé... elle arrête son geste... hésite... puis brusquement, arrache la fleur rouge ! L’escalier disparaît... d’un coup, tandis que des voix disent « Bonne chance ! Nous serons toujours là pour toi ! »

- Isabelle ? Isabelle ? Réveille-toi ! dit l’ours qu’elle a sauvé du piège à loup, alors que doucement... la future fée de la nature ouvre les yeux...

- Tes chiens... où sont tes chiens ? Ils étaient encore là il y a cinq minutes... demande un mouton. Elle répond qu’ils ont rempli leur mission... puis... elle se lève et dit « Maintenant... je suis prête ! »



© Bernard HIRSCH - 67206 Mittelhausbergen

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