- Ohé ! Bonjour, nous sommes des voyageurs, et notre route nous a conduits jusqu’ici !
Je m’appelle Yvan, voici mes enfants : Patrice, Laurent et Nadine
- Bonjour Yvan, bonjour les enfants, moi, je m’appelle Noémia… et voici mon homme,
Nestar ! Que venez-vous faire en enfer ?
- En enfer ? Comme tu y vas fort ! Pourquoi dis-tu ça ? demande Nadine. Noémia répond
à sa question : « C’est vraiment un enfer… Depuis bien cent ans… Mais avant, c’était
plutôt le paradis… et ce couple de sorciers est venu… En quelques années, notre coin
de paradis s’est transformé en cet enfer… »
- Un couple de sorcier ? Tu te rappelles leur nom ? demande Yvan. Le fermier réfléchit,
sa femme aussi, puis elle dit « Que dit la légende ? Tu ne te souviens pas ? C’est
vrai que ce sont des noms dont on n’a pas envie de se souvenir… Après tout le mal
qu’ils ont fait ! Ça commençait par Fo…
- Faunus ? Florus ? demande Patrice
- C’est ça ! Faunus et Florus… Des noms maudits à jamais ! dit Nestar
- Papa, tu te rends compte, nous sommes arrivés cent ans après le passage de Faunus
et Florus… Je ne comprends pas… Comment est-ce possible ? Ils ont donc fait tant
de mal ? demande Laurent. Son papa lui répond « Oui, mais c’est vraiment étonnant…
Qu’en penses-tu Nadine ? »
- Je pense qu’il faut remonter le temps et voir ce qu’il s’est vraiment passé… Si
ça se trouve, Faunus et Florus ont cru bien faire, mais cela a mal tourné…
- Retourner dans le passé, mais qu’est-ce que vous racontez comme bêtises ? C’est
impossible ! Allez donc au château, nos archives sont très bien tenues… Tout est
écrit ! explique Noémia.
- Mais… Que s’est-il donc passé ici ? Comment vivez-vous dans toute cette désolation ?
demande Patrice… Nestar lui répond « Je vais vous raconter ce qu’il s’est passé…
Enfin… Tel que cela se raconte les soirs de veillée autour du feu… »
Nestar raconte comment ce beau pays est devenu cet « enfer ».
- Nous sommes quelques paysans à avoir refusé de quitter nos terres, vous comprenez,
elles nous viennent de nos ancêtres… Patrice, tu m’as demandé comment on peut vivre
ici, dans toute cette désolation ? Eh bien ! Pour l’eau, heureusement que nous avons
un puis, et que l’eau des profondeurs n’a pas été atteint par la folie des deux sorciers.
Pour la nourriture, c’est une autre histoire… C’est à chaque fois toute une expédition
au-delà des frontières, là où il y a encore de la vie, des champs, des arbres fruitiers... :Une
fois par mois, tous les fermiers forment un convoi qui met trois jours à franchir
ce véritable désert… Trois jours à l’aller, et cinq jours pour le retour… parce que
là, les chariots sont très lourds, et que les chevaux ont de la peine à les tirer…
- Mais… Quelle folie ? Je t’ai dit tout à l’heure, que nous sommes des voyageurs,
et partout où nous sommes passés, la population nous a vanté les mérites de ces deux
sorciers, de Faunus et Florus… C’est pour ça que je ne comprends pas lorsque tu parles
de folie… demande Nadine. Noémia lui répond : « Oui, peut-être qu’ailleurs ils sont
aimés et appréciés, mais tout ce que nous savons, tout ce que disent les livres,
c’est que, deux ans après leur passage, le pays est devenu ça ! Nous ne savons pas,
ni pourquoi, ni comment, tout ce que nous savons, c’est qu’il y a bien cent ans,
dès l’apparition de ce fléau, les soldats du Roi ont parcouru le pays menaçant de
mort celui qui chercherait à trouver l’origine de ce mal qui a transformé notre beau
pays en enfer…
- Oui, mais, d’après ce que tu viens de dire, un terrible secret vous est caché…
et tu nous as dit d’aller au château pour consulter les livres ? Crois-tu vraiment
que, si vous êtes menacés de mort, la vérité sera écrite ? Je ne crois pas ! Ils
ont peut-être voulu rendre service, donné une potion, mais qu’elle a été mal employée…
Je ne sais pas, un truc dans ce genre… tente d’expliquer Yvan
- Ce que tu viens de dire est troublant… Mais non, rien ne pousse, rien de rien,
et pourtant nous essayons à chaque printemps… Sans résultats… Il n’y a même pas un
début de germination… La terre est morte ! Ils y sont pour quelque chose… Et même
si une formule a été mal employée, ils avaient à faire attention que cela n’arrive
pas : ce sont eux les fautifs ! La discussion est close ! décide Nestar d’un ton
sec.
- Merci à vous, nous allons continuer notre chemin… Les limites du pays… C’est encore
loin ? demande Nadine… Noémia lui répond qu’il y a bien deux jours de marche… Qu’il
fait très chaud, et que s’ils veulent de l’eau, le puis est là !
Yvan et les enfants quittent Noémia et Nestar pour retourner de l’autre côté de cette
petite colline et retrouver la maison volante…
- Papa, tu te rends compte que pour les habitants de ce pays, Faunus et Florus sont
les pires criminels… La Fée Naturella ne nous a pas dit ça ! explique Laurent
- Elle ne devait pas le savoir… Et maintenant, je me demande si notre mission consiste
vraiment à seulement rechercher le livre des origines… Il nous est interdit d’intervenir…
Mais là, avons-nous le choix ? Je crois que nous devons faire quelque chose pour
ce pays… où la nature est morte… explique Yvan
- Tu as raison papa, il faut faire quelque chose ! Je suis sûre que, si la Fée Naturella
savait, elle arrangerait les choses ! confirme Nadine…
Dans la maison dans la clairière, Violette s’essuie les yeux, renifle, puis demande
à son amie la Fée Naturella « Vous vous rendez compte, toute cette désolation… Tout
un pays où la nature est morte ! Qu’en pensez-vous ? » La Fée Naturella lui répond
« Je ne savais pas ! Mais je connais ton mari et tes enfants, et puis, Nadine est
une fée très puissante… En tout cas, elle a raison sur un point : à sa place, je
ferais revivre ce pays…, mais je suis incapable de le faire… Il m’est impossible
de voyager dans le temps. Je suis sûre qu’elle prendra la bonne décision ! »
- Papa ? Tu te rappelles, lorsque la Fée Naturella nous a raconté sa vie… Le champ
stérile ? demande Laurent à qui son papa répond « Ah oui, le champ stérile, la nomade…
et ce champ est maintenant plein d’herbe et de fleurs… » « Oui, c’est l’Esprit de
la nature qui lui a redonné vie ! Si vous voulez mon avis, il faut aller aux limites
de ce pays, et demander à celles et ceux qui sont les premiers concernés : les plantes,
les fleurs, les arbres, les abeilles… Elles seules pourront nous dire ce qu’il s’est
vraiment passé, et pourquoi ils ont déserté ces terres ! » explique Nadine.
Patrice propose de partir et de faire le chemin à pieds jusqu’aux limites du pays…
mais Nadine lui propose quelque chose d’autre : « Attends, je vais faire un essai,
et si ça marche, inutile de marcher si loin » « Et que vas-tu essayer ? » demande
Yvan « Vous allez voir… Nous serons vite fixés » répond la petite fée qui prononce
cette phrase « Maison, transporte-nous jusqu’aux frontières du pays ! » Après quelques
instants d’hésitation, la maison tremble légèrement, s’élève de quelques mètres dans
les airs, puis se dirige vers l’horizon, et au bout d’une bonne heure, ils arrivent
à destination ! « eh bien ! Je n’en étais pas sûr, mais ça a marché ! Maintenant
nous savons que nous pouvons également commander la maison volante ! » commente Nadine.
Son papa et ses frères la félicitent pour cette heureuse initiative.
Yvan et les enfants sortent de la maison et commencent à marcher vers ce bosquet…
Il faut quand même marcher quelques dizaines de mètres dans une terre sèche, fine,
on dirait du sable, lorsque Patrice demande « Vous vous souvenez du sol lorsque nous
sommes allés en Afrique, chez Massouf ? Là aussi, nous avons cru que c’était du sable,
alors que c’était de la bonne terre victime d’un sortilège du Maître sorcier… » Laurent
lui coupe la parole pour préciser « Tu as certainement raison, on dirait qu’ici c’est
pareil… Il y a peut-être de l’espoir… »
- Il y a toujours de l’espoir… Il ne faut pas s’avouer vaincu avant de s’être battu !
S’il le faut, on remontera le temps jusqu’à ce que nous assistions à la demande de
sort… et là, il faudra trouver un moyen pour qu’il ne soit pas jeté… enfin, pas avec
ces terribles effets ! propose Nadine.
© Bernard HIRSCH - 67206 Mittelhausbergen